dimanche 27 mars 2011

Guillaume Pepy "La dissociation entre le gestionnaire de l'infrastructure RFF et le transporteur SNCF va droit dans le mur"



Entretien de Guillaume Pepy dans le Monde du 26 mars 2011 


Dans l'entretien accordé par Guillaume Pepy au journal le Monde en date du 26 mars 2011 on peut lire les propos suivants :


"Le réseau ferroviaire s'est dégradé et n'est plus aujourd'hui en situation de supporter correctement le développement du trafic. Réseau Ferré de France (RFF propriétaire et gestionnaire des infrastructures) engage des travaux - et c'est tant mieux ! - mais dans l'immédiat, il allongent les parcours ou génèrent des retards !"


"Nos voyageurs sont devenus plus exigeants et se comportent de plus en plus comme des consommateurs : c'est un bien."


"Avec les crises énergétique et financière, le train retrouve une pertinence mais les décisions n'ont pas toujours suivi à temps."


"Si la SNCF devait consacrer une part excessive de ses moyens aux péages, elle serait conduite à réduire les dessertes et de commandera plus de nouveaux TGV."


"Le systéme ferroviaire de s'autofinance dans aucuns pays. C'est comme si on disait que les routes   vont être financées par les automobilistes[...] Trop ponctionné, le client reviendrait alors à la route. L'infrastructure serait étendue mais de moins en moins utilisé. Un non-sens !"


"Il manque de l'ordre de 1 milliard d'euros par an dans le financement du ferroviaire. Il faut avoir le courage de développer une ressource propre au transport durable, assise sur des couts externes : Taxe carbone, taxe à l'essieu, euro-vignettes, péage urbain ou autre. Il faut développer une fiscalité écologique qui profite aux systèmes de transport vertueux."


"Ma priorité - et celle fixée par le chef de l'Etat dans ma lettre de mission- , ce sont les trains du quotidien."


"D'autant que certaines lignes de banlieue sont aussi dans l'impasse. il est irrationnel, par exemple, d'installer des entreprises le long de lignes RER aujourd'hui saturées. Cela ne peut que générer une médiocre qualité de service".


Extraits des propos recueillis par Benoît Hopquin et Jean-Michel Normand

A la SNCF, le "big bang" des horaires attendra


Article paru dans Le Monde daté du 25 mars

On peut appeler cela un plaidoyer de bon sens ou une efficace opération de lobbying : la SNCF devait, dès 2012, réorganiser ses horaires en profondeur suivant le principe du "cadencement" - un espacement fixe, de 15 ou de 30 minutes par exemple, entre les trains d'une même ligne afin de proposer une grille plus lisible aux voyageurs. Elle a finalement obtenu que cet objectif soit mis en oeuvre de manière beaucoup plus progressive.
Trop ambitieuse, l'extension prévue de longue date de ce mode d'organisation risquait, en effet, de désorganiser gravement le trafic ferroviaire, a fait valoir la SNCF. Redoutant un "chaos" dès le 11 décembre, date d'entrée en vigueur de la grille des horaires 2012 , la compagnie plaidait pour le gel pur et simple d'un projet qui, selon son président, Guillaume Pépy, engendrait "une très grande inquiétude de la base jusqu'au sommet de l'entreprise".
La SNCF a souligné les conséquences du sous-investissement chronique dont souffre le réseau ferré français et les risques d'insatisfaction des usagers face à la remise en question de certains horaires en fonction desquels ils s'étaient organisés. Sans oublier les risques sociaux liés à la réorganisation brutale des rythmes de travail des cheminots. Autant d'ingrédients qui pouvaient déboucher sur une dangereuse accumulation de mécontentements. Enfin, le cadencement entraînait une augmentation du nombre de TER. Au moment où les régions réduisent leurs investissements faute de moyens budgétaires, la SNCF craignait de devoir financer elle-même une partie de ces trains supplémentaires.
L'insistance avec laquelle la SNCF a sonné le tocsin ne pouvait que prendre un relief particulier alors que de graves dysfonctionnements ont par ailleurs défrayé la chronique pendant la vague de froid de décembre 2010. Les usagers de certaines lignes avaient alors organisé un véritable mouvement de contestation.
Les arguments de la compagnie ferroviaire ont porté. Dans une lettre adressée le 7 mars aux présidents de la SNCF et de Réseau Ferré de France (RFF), propriétaire et gestionnaire des voies, la ministre de l'écologie, chargée des transports, considère que l'heure n'est pas à la prise de risque. Nathalie Kosciusko-Morizet recommande de franchir "une étape supplémentaire dans la mise en place du cadencement", mais elle précise que "l'objectif commun est de réussir la mise en place du service annuel 2012 sur des bases nouvelles".
"Il est clair que la priorité n'est pas d'étendre le cadencement à tout prix, mais de faire en sorte que les trains circulent", commente Jacques Damas, chargé de la sécurité et de la qualité de service à la SNCF.
Sur la base d'un rapport commandé au Conseil général de l'environnement et du développement durable, le ministère a tranché. Alors que la perspective évoquée par RFF était d'obtenir que le taux de trains "cadencés" passe de 8% à 20% en 2012, il ne sera que de 16%. "Ce qui représente tout de même un doublement", souligne M. Damas.
En 2012, 30% des 800 liaisons TGV quotidiennes seront organisées en navettes (contre 10% en 2011), mais l'essentiel de la réorganisation portera sur les 12 000 trains régionaux (TER) programmés chaque jour. En particulier dans les régions Franche-Comté, afin de prendre en compte l'ouverture de la liaison grande vitesse Rhin-Rhône, et Nord - Pas-de-Calais. En Rhône-Alpes et en Ile-de-France, le cadencement a été déjà très largement introduit.
"En 2012, nous espérions réaliser un pas plus important, mais il n'était pas question d'organiser un "big-bang" ou un brusque basculement", insiste Hubert Du Mesnil, président de RFF. Si la perspective d'un cadencement intégral apparaît irréaliste, il est nécessaire de convertir, d'ici cinq ans, la moitié du trafic ferroviaire. Et d'atteindre un taux de 70% dans les zones denses. Ce mode d'organisation, qui s'est généralisé en Suisse et se pratique largement dans le reste de l'Europe, ne facilite pas seulement la tâche des voyageurs, assure le président de RFF. Antithèse du défunt indicateur Chaix, le cadencement permet de fluidifier les correspondances et de faire circuler un nombre de trains plus important sur un même réseau.
Synchroniser la circulation ferroviaire contribue aussi à accorder plus de créneaux aux trains de marchandises - réduits à la portion congrue sur les axes les plus fréquentés - et devrait s'imposer, demain, comme la meilleure façon de distribuer les horaires entre compagnies concurrentes.
"Personne ne conteste les vertus du cadencement", dit M. Pépy. "Le problème, c'est sa mise en oeuvre dans le contexte du réseau ferré français". "Et le fait", ajoute-t-il, "que c'est d'abord la SNCF qui subira les conséquences des problèmes qui pourraient surgir."

vendredi 4 mars 2011

Fin du Moratoire « Bussereau », Valenciennes, Dunkerque en sursis ?


La colère des usagers du TGV de Valenciennes monte en puissance 
vendredi 04.03.2011, 05:22 - La Voix du Nord
| ON EN PARLE |


Plus de TGV à Valenciennes ? C'est ce que la Coordination des abonnés TGV de la ligne Valenciennes-Paris craint de plus en plus. Daniel Vandevyvere, l'un des membres espère ne jamais voir arriver ce jour, sous peine de ne plus pouvoir aller travailler le matin.


PAR XAVIER SILLY

valenciennes@lavoixdunord.fr PHOTO ARCHIVES « LA VOIX »


« Je paye un forfait de 477 E par mois pour aller travailler à Paris, lance cet enseignant syndicaliste. C'est un quart de mon salaire ». Si cette tarification et les retards fréquents du train lui sont déjà insupportables, les dernières rumeurs concernant la suppression de la ligne TGV entre Paris et Valenciennes ont été la goutte qui a fait déborder le vase. « On ne peut pas nous enlever cette ligne, déclare-t-il excédé. Si ce projet est adopté, nous serons obligés de faire le trajet Valenciennes - Arras en TER (ou Valenciennes-Lille) et Arras - Paris en TGV (Lille-Paris). Autant dire que nous perdrions notre travail. » Une perte de temps considérable pour lui. Car comme beaucoup d'autres Valenciennois, Daniel Vandevyvere se lève déjà aux aurores pour prendre le train de 5 h 33.

Une rumeur fondée

« Cette suppression a tout à fait été envisagée par la SNCF, affirme de son côté Christophe Verger-Lecocq, le président du Collectif des Usagers des lignes ferroviaires du Nord - Pas-de-Calais. Nous avons rencontré des responsables de la société vendredi dernier. Le sujet a été clairement abordé. » Selon lui, les craintes ont été exposées vivement. Avec un résultat en demie teinte. « Pour le moment, la SNCF nous l'a assurée, les lignes sont maintenues jusqu'à l'année prochaine ». De quoi laisser un peu de temps aux usagers de prendre leurs précautions. « Après on ne sait pas », affirme le président du collectif.


De son côté la SNCF a fait taire la rumeur. « Il n'y a aucune suppression de ligne TGV de prévue », affirme une responsable du service communication de l'entreprise. Pour elle, la gare de Valenciennes n'a jamais fait l'objet de débat à ce sujet. Le Collectif des usagers des lignes ferroviaires du Nord - Pas-de-Calais continue d'avancer sur le dossier. « Nous avons souvent des réunions avec les responsables pour discuter des projets. Nous voulons nous faire entendre sur tous les points », assure-t-il. •