PAR BENOÎT FAUCONNIER
arras@lavoixdunord.fr PH. ARCHIVES CHRISTOPHE LEFEBVRE
Une grande maison avec jardin, à une heure de transport de son lieu de travail. Le rêve, moins cher qu'en banlieue parisienne, doublé de temps de trajet plus courts. Christophe a fait ce choix, il y a un an et demi, de devenir « migrant professionnel », ou « navetteur », entre Arras et l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle.
« J'ai acheté cette maison il y a cinq ans, rue de Cambrai. Je vivais en région parisienne et je venais la retaper le week-end », explique-t-il. La maison terminée, il a fait le choix de faire le trajet chaque jour entre Arras et Roissy, ce que permet le TGV : « Je partais du principe qu'Arras allait devenir une grande banlieue de Paris. J'ai vite compris... » Il a l'impression de s'être trompé. « J'ai constaté que le 4 avril, le TGV de 18 h 39 avec arrête à Arras est remplacé par un train à 19 h 13. Je suis abonné, les modifications sont faites sans communication », raconte Christophe.
À partir du 4 avril 2011, l'actuel TGV partant de Roissy à 18 h 39 en direction du Nord ne sera pas supprimé, mais il ne s'arrêtera plus à Arras ni à Douai. Il rejoindra directement Lille, puis Bruxelles. Pour s'arrêter à Arras, il faudra attendre un départ de Roissy à 19 h 13 (arrivée prévue à Arras à 20 h 06, et à Douai à 20 h 25). « Cette évolution est liée au changement de politique d'arrêts du TGV 9868 afin de réduire le temps de parcours entre CDG (Roissy-Charles-De-Gaulle) et Bruxelles auquel les clients de l'aérien - et Air France - sont particulièrement sensibles », explique Emmanuel Pauthier, directeur commercial TGV Nord.
Pour Christophe, concerné comme une centaine d'autres usagers, il sera possible de rejoindre Arras plus tôt dans la journée, à partir du 4 avril... en passant par Lille. Compter 2 h 26 de trajet en sautant dans le TGV de 16 h 03 s'arrêtant à Lille Europe (il faut ensuite rejoindre la gare Lille-Flandres, prendre un TER jusqu'à Douai, puis un TGV entre Douai et Arras). À 17 h 54 au départ de Roissy, Christophe arriverait à Arras à 19 h 43. « J'ai l'impression que l'ogre lillois absorbe tout. Si j'avais les moyens, j'achèterais à Lille. Mais je n'ai pas envie d'habiter à Lille, que ça devienne un Paris bis avec les mêmes contraintes. » « La gare TGV Haute-Picardie est mieux lotie, avec cinq arrêts directs entre 12 h et 19 h », poursuit Christophe, pour qui rejoindre la gare de Paris Nord en RER, pour revenir à Arras, est inenvisageable : « Le prix de l'abonnement ne sera pas le même. Et le trajet en RER entre Roissy et Paris Nord coûte 8,70 E et dure trente minutes. » Cet usager milite pour le retour d'un TGV démarrant de Roissy à 17 h 50, et le maintien de l'arrêt à Arras avec celui de 18 h 39. Des tracts ont été distribués, et les élus ont été avertis... avec un argument : « ces modifications auront à court et à moyen terme des effets dévastateurs sur le développement économique, démographique, culturel, de ces villes moyennes. » La SNCF argumente, elle, sur les aspects vitesse et rentabilité, précisant que « l'offre TGV province - province est conçue pour répondre aux besoins de déplacement sur des voyages longue distance. » L'aspect chiffre d'affaires entre aussi dans la danse : « la contribution de chaque gare à notre chiffre d'affaires est également prise en compte. À ce sujet, les clients d'Arras et Douai représentent respectivement - toutes relations confondues - 0,7 % et 0,4 % du chiffre d'affaires des TGV Province - Province les desservant ». D'où un nouveau débat : faut-il amoindrir les dessertes à faible densité, ou les étoffer pour convertir de nouveaux usagers ? •
http://usagers-tgv.blogspot.com/
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